JDD 21 mai 2011 - Inscris-toi gratuitement et surfe sans pub !
Malcolm McDowell : "Kubrick voulait tout contrôler"
Le festival de Cannes a mis à l'honneur Orange mécanique. Rencontre avec son héros Malcolm McDowell.
Malcolm McDowell a été choisi par Stanley Kubrick lors du festival de Cannes 1969. (Reuters)
Une séance culte pour un acteur qui ne l’est pas moins. Vendredi, le Festival de Cannes a déroulé le tapis rouge à Malcolm McDowell, venu assister à la projection du 40ème anniversaire d’Orange mécanique, chef-d’œuvre visionnaire de Stanley Kubrick dans lequel il tient le rôle d’Alex, le hooligan dépourvu de conscience et de morale qui devient un citoyen modèle après avoir subi un lavage de cerveau. Il a ensuite donné une masterclass animée par le journaliste Michel Ciment et des interviews au soleil, installé sur la terrasse d’un palace de la Croisette. L’occasion de se souvenir d’un tournage hors du commun.
"Il y a trois ans, Christiane Kubrick m’a raconté dans quelles circonstances son mari m’avait choisi. En 1969, If… de Lindsay Anderson décrochait la Palme d’or. A 25 ans, j’étais propulsé sous le feu des projecteurs. Stanley l’a vu cinq fois, avant de souffler à sa femme : 'On a enfin trouvé notre Alex'. A l’époque, je vivais un rêve éveillé à Cannes. Un soir, alors que j’étais assis dans un café, j’ai entendu des rires émanant de la table d’à côté. Les garçons, sympathiques au premier abord, m’ont invité à les rejoindre et à fumer avec eux. Avant de se présenter : Dennis Hopper, Peter Fonda et Jack Nicholson !"
Il se rappelle de chaque plan d’Orange mécanique. "Ce long métrage est une icône de la pop culture. Quand je me vois à l’écran, je constate les ravages du temps ! (Rires) Je sais que je serai Alex pour toujours. Du coup, on ne m’offre que des personnages cruels ! Le film pose la question de la liberté de choix d’un homme. Sincèrement, je pensais que l’humour noir serait mieux perçu. J’ai été choqué de voir que le public ne riait pas et observait un silence de mort. Pourtant, il y avait à l’époque d’autres productions plus brutales, comme La horde sauvage, de Sam Peckinpah. Aujourd’hui, on assiste à une surenchère dans la violence au cinéma".
Malcolm McDowell n’était pas tellement resté en contact avec Stanley Kubrick. "Il me téléphonait toujours pour me demander quelque chose. Son intelligence le poussait à vouloir tout contrôler. Il s’intéressait plus à la technique de la mise en scène qu’à la direction d’acteurs. Si je lui posais une question, j’avais un mur devant moi". Coïncidence, il est aussi à l’affiche de The Artist, le long métrage muet et en noir et blanc de Michel Hazanavicius, en lice pour la Palme d’or.
Blu-ray d’Orange Mécanique, édition 40ème anniversaire, Warner Home Vidéo.